Directeur de Publication : Laurent Serge MABIALA

Le Gouverneur Yvon Sana Bangui poursuit sa très audacieuse marche vers l’excellence en osant le pari de régionalisation des marchés. Avec une allocation de 90% des marchés aux acteurs régionaux, l’initiative vise à renforcer les capacités locales et à promouvoir une autonomie au sein des pays d’Afrique centrale. Dans un contexte où les économies africaines dépendent souvent des investissements extérieurs, cette stratégie pourrait représenter un tournant majeur.
Historiquement, l’Afrique centrale a été marquée par une fragmentation économique et une dépendance prononcée vis-à-vis d’acteurs externes. En soutenant les entreprises locales, la BEAC ambitionne de stimuler l’innovation, de créer des emplois et de renforcer la résilience économique. Ce changement est d’autant plus nécessaire dans un environnement mondial instable, où les chaînes d’approvisionnement sont souvent menacées par des crises géopolitiques ou sanitaires.
Les experts s’accordent à dire que la régionalisation, portée par la BEAC, pourrait apporter plusieurs bénéfices concrets à l’économie locale. En priorisant les entreprises régionales, on anticipe une hausse de la production locale. Cela entraînerait une baisse des importations, permettant de préserver les devises et d’améliorer la balance commerciale des pays concernés.
De plus, cette initiative devrait favoriser la création d’emplois. Avec un accès accru aux marchés, les entreprises locales seront incitées à embaucher pour satisfaire la demande croissante. Selon la Banque Mondiale, chaque emploi créé dans le secteur formel peut générer jusqu’à trois emplois indirects, multipliant ainsi les bénéfices pour l’économie locale.
En outre, la régionalisation pourrait stimuler l’innovation. Sous une concurrence accrue, les entreprises locales seraient poussées à améliorer leurs produits et services. Cela encouragerait également des partenariats entre sociétés, favorisant les échanges de connaissances et de technologies. Des réussites observées dans d’autres régions, comme l’Asie du Sud-Est, témoignent que des économies régionales intégrées peuvent devenir des pôles d’innovation.
Cependant, la mise en œuvre de la régionalisation des marchés présente des défis. Un des principaux obstacles réside dans la capacité des entreprises à répondre aux normes de qualité et de compétitivité. Pour remédier à cela, des programmes de formation et un soutien technique devront être mis en place. Une collaboration étroite entre gouvernements et la BEAC sera essentielle pour garantir que les entreprises disposent des ressources nécessaires à leur développement.
Un défi fondamental est également l’absence d’infrastructure adéquate. Les routes, ports et systèmes de communication nécessitent une modernisation pour faciliter le commerce intrarégional. Sans infrastructure solide, même les meilleures initiatives risquent de ne pas fructifier. Des investissements dans ces secteurs seront cruciaux pour soutenir la croissance économique.
Enfin, la question de la gouvernance est primordiale. Une gestion transparente et efficace des ressources est essentielle pour prévenir la corruption et assurer que les bénéfices de la régionalisation profitent réellement aux communautés locales. L’implication des citoyens dans le processus décisionnel est impérative pour garantir que leurs besoins soient pris en compte.
En outre, la régionalisation des marchés par la BEAC offre une occasion sans précédent pour l’Afrique centrale. En soutenant les entreprises locales, cette initiative pourrait transformer en profondeur le paysage économique de la région, en stimulant la croissance, l’innovation et la création d’emplois.
Certains experts estiment que cette dernière est déjà en œuvre dans la mise en place de plusieurs projets majeurs entames par la Banque. Il s’agit par exemple de l’agence BEAC de Mouila au Gabon, du siège de la COBAC a Libreville, et plus récemment, de l’agence d’Amdjarass au Tchad. Ces projets sont le témoignage vivant que la Banque fait confiance aux entreprises régionales pour la réalisation de ces-derniers.
Le Gouverneur de la BEAC, Yvon Sana Bangui confirme par ces actions concrètes la volonté de son institution à contribuer à l’économie locale en réduisant le transfert de capitaux vers l’étranger et en augmentant la masse monétaire en circulation au sein de la CEMAC. Il oriente de ce fait la Banque vers une plus grande autonomie et une croissance inclusive de l’ensemble des pays de la sous-région, tranchant avec les vœux-pieux de ses prédécesseurs, dans une démarche pragmatique, stratégique et clairement planifiée.
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